Une élève de lettres en mal de compagnie... [ PV ]

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S'il y avait bien une chose certaine dans ce pensionnat, c'était que l'immense bibliothèque mise à disposition des élèves était vraiment peu fréquenté en début d'année. Le temps que tous les anciens rentrent et que les nombreux première année prennent leurs marques et réalisent qu'il faut travailler et lire à l'école.

Samara n'avait pas retrouvé un seul de ses anciens camarades malgré les journées passées à chercher. Déçue, elle était allée à la bibliothèque pour s'avancer dans son travail. Elle passa la matinée à lire un pavé qui en aurait découragé plus d'un, mais l'histoire romantique la réconfortait un peu. Elle s'imaginait être l'héroïne emportée par son prince charmant loin de ce monde pour passer une existence paradisiaque. Elle avait ensuite mangé un morceau, et avait sorti son calepin où elle avait commencé à griffoner le début de son roman. Sortant un stylo, elle eut le visage parcourut d'un ravissant sourire et elle commenca à écrire, écrire, et écrire encore, sans se fatiguer, jusqu'à ce que le stylo, déjà bien entamé, ne soit à court d'encre. Elle avait justement fini sa dernière phrase et se retrouvait à manquer à nouveau d'inspiration. Elle avait passé trois heures à écrire sans discontinuer et elle n'avait même pas mal au poignet.

Elle laissa aller sa tête en arrière. Elle portait un tailleur bleu azur court et avait un châle persan en soie autour du cou, très léger. Peu de gens le savaient, mais c'est avec lui qu'elle attirait ses partenaires jusqu'à elle. Sa jupe stoppait à mi-cuisses, et elle portait un collant clair et des escarpins. Elle soupira en fermant les yeux. Si seulement elle avait eu un peu de compagnie...

Un grincement du plancher la laissait espérer, mais encore fallait-il que la personne en question vienne la voir.

Invité

Taiki adorait lire. Depuis tout jeune, il s’intéressait à la littérature, que ce soit l’écriture ou la lecture, passant par tous les styles, de la fiction à la romance. C’était d’ailleurs en lisant qu’il avait commencé à s’intéresser à la poésie. Même s’il n’avait pas vécu une enfance très…prévillégiée, il avait toujours trouvé un moyen de lire, soit en achetant des livres en librairie, ou en en empruntant en bibliothèque. Il n’avait jamais eu accès aux livres, dans sa maison familiale. La bibliothèque lui avait toujours été interdite, et réservée à ses frères plus âgés. Mais ça ne l’avait pas empêché de cultiver une grande passion pour la littérature. D’ailleurs, du haut de ses 19 ans, il avait une excellente maîtrise de la langue. Il composait de magnifiques poèmes et ses notes en littérature étaient toujours excellentes. C’est d’ailleurs bien pour cela, qu’il avait été accepté au pensionnat.

Ce jour là, c’était un Samedi, et donc, il n’y avait pas de cours. À l’extérieur, une magnifique journée s’annonçait. Le soleil brillait haut dans le ciel, et aucun nuage ne venait masquer ses rayons lumineux. La température était clémente et une brise agréable empêchait la chaleur du soleil de ne devenir trop insupportable. Bref, le temps était parfait, et la plupart des élèves étaient sortis dehors, profitant de l’absence de cours pour prendre un peu l’air. Seul quelques étudiants étaient restés à l’intérieur. Taiki en faisait partie. De nature assez peu sociable, il n’aimait pas se mêler aux autres gens. Qui plus est, il n’aimait pas la sensation de brûlure qu’exerçait le soleil sur son visage au teint trop clair.

Alors, il avait décidé d’aller passer l’avant midi à la bibliothèque. Elle était souvent peu fréquentée, à ce temps de l’année ; il allait pouvoir y être tranquille. De plus, il avait trouvé récemment un recueil de poésie qui comprenait plusieurs poèmes d’Edgar Allan Poe, et qu’il n’avait pas eu le temps d’éplucher ; c’était le moment rêvé pour pouvoir le lire en paix.

Son livre sous le bras, il marcha dans l’école déserte jusqu’à ce qu’il soit parvenu à la bibliothèque. Il se dirigea entre les rayons comme s’il avait fait le trajet des centaines de fois. Ce qui n’était pas tout à fait faux, en fait ; Taiki s’était toujours assis au même emplacement, pour lire, depuis sa première année au pensionnat. Il avait choisi cette table là parce qu’elle était située dans un coin de bibliothèque assez reculé du reste des tables. Entourée de rayons, on était sur d’y trouver la tranquillité voulue. De plus, grâce à la fenêtre, on avait une jolie sur le parc de l’école. Bref, c’était un endroit parfait pour Taiki. Aussitôt qu’il l’avait vue, il se l’était, disons… ‘Appropriée’. Et depuis, elle n’avait jamais été occupée. Mis à part aujourd’hui.

Lorsqu’il parvint finalement à sa table, Taiki constata avec étonnement qu’elle était déjà occupée. Par une jeune fille qui le regardait désormais en souriant. Tai était stupéfait. Mais qu’est-ce que cette fille faisait à SA table ? Elle n’avait pas le droit ! C’était.. C’était SA table, après tout ! >.< Taiki lui jeta un regard de reproche qu’elle ne semblait pourtant pas interpréter comme un reproche. Sans cacher son agacement, il leva la tête, faisant mine d’ignorer la jeune fille, puis contourna la table, pour aller s’asseoir sur la chaise la plus rapprochée de la fenêtre. Il y déposa son recueil de poésie, puis l’ouvrit brutalement. Il tenta de le lire, mais il n’arrivait pas à trouver la concentration nécessaire. Mais qu’est-ce que cette fille faisait à sa table ?...

Invité

En effet le grincement du plancher était bien une possible compagnie pour elle. Elle se retourna et apperçut le garçon mignon qui portait un recueil de poèmes sous le bras. Des poèmes ! Elle lui sourit une fois qu'elle l'eut bien détaillé. Elle n'aimait pas de style particulier d'homme ou de femme, elle aimait, c'est tout, elle sentait qui elle voulait ou pas. Et lui, elle l'aurait bien accueilli à cette table et entamé la discussion sur ses poèmes. Qui sait, peut-être étaient-ils capables de les rapprocher? Mais il y avait comme un problème chez lui. Il était planté là, à la fixer avec un regard étrange. Elle ne comprit pas immédiatement sa signification et se contenta de calmer son sourire. Elle finit par comprendre qu'il semblait lui reprocher quelque chose lorsqu'il leva la tête et passa en l'ignorant.

* Non mais c'est quoi ce... *

Elle le regarda aller à la table d'à côté, stupéfaite, et s'acharner sur son livre, complètement surexcité. Comment allait-il lire, si énervé. Et surtout, qu'est-ce qu'elle a bien pu faire pour avoir droit à ça? A ce regard et à cette ignorance? Il était vraiment culloté ce type-là, à passer comme ça. Elle lui jeta un regard perçant dans son dos avant de se sentir vide. Son visage s'emplit d'une expression de tristesse et elle croisa ses bras sur la table pour y déposer sa tête. Elle observa l'extérieur, se demandant ce qu'elle pouvait bien avoir fait de si terrible. Est-ce que c'était tout simplement elle? Elle n'arrivait pas à comprendre. Elle avait envie de fuir loin, très loin, mais peut-être allait-il s'expliquer? Elle surmonta la douleur du sentiment d'avoir déçu, et décida de rester un peu, mais sans le regarder. Elle lui donnait tout au plus dix minutes pour bouger. Passé ce délai, elle s'en irait sans demander son reste.

» Un peu de compagnie serait la bienvenu